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Bruno Daniel, j'habite notre commune depuis 1993.

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27 septembre 2014 6 27 /09 /septembre /2014 16:39


C'est un château assis dans les prairies au bord de l'Andelle sur sa rive droite. La partie la plus ancienne fut élevée vers le XIIe siècle et porte le nom de Château de Malemaison. Il fut occupé par les anglais, brûlé en 1449, détruit puis rebâti au milieu du XIVe siècle.

Les seigneurs de Roncherolles y construisirent au XVe le château actuel où séjourna Henri IV lors du siège de Pont-de-l'Arche. Il est mentionné au début du XVe siècle sous le nom du château de Logempré. Ce château fut également célèbre par la soumission que vint y faire le gouverneur de Pont de l'Arche Le Blanc du Rollet à Henri IV en 1589.

logempre.jpgAprès avoir résisté plus de six mois à Henri IV, Gabrielle d'Estrées finit par lui céder le 20 janvier 1591. Elle devint la favorite du roi et lui donna trois enfants dans cette liaison adultère.

Selon l'ouvrage "La Baronnie de Pont-Saint-Pierre", la tradition rapporte que pendant l'époque du siège de Rouen entre 1591 et 1592 et des guerres civiles dans la contrée, Henri IV rejoignait Gabrielle d'Estrées, si connue sous le nom de la Belle Gabrielle, par "La Chaussée du Roi", au château de Logempré, comme il était encore désigné dans le pays, et auquel plus tard, les habitants de Pont-Saint-Pierre donnèrent le nom de château de Gabrielle.

chateau-logempre.jpg

De son passé lointain subsiste encore aujourd'hui, les ruines d'un château fort recouvert par la végétation qui s"étendent entre le Château de Pont Saint Pierre et les ruines de la Filature Levavasseur. En effet, il est encore possible de la rue Fontaine Guérard d'apercevoir sur la droite, dans un petit bois, les vestiges de ce château.

           Logempre--6-.JPG               Logempre

   Logempre--1-.JPG   Logempre (7)


Huile sur panneau de chêne / 1594 / François Clouet

Gabrielle.jpg

On remarque que la jeune sœur de gauche tient le téton de sa vis-à-vis, c'est tout bonnement pour vous indiquer que les seins de la femme de droite sont déjà fermes et que la gestation de l'enfant royal est a priori bien avancée. Si l'on fait attention à sa main gauche, on constate qu'elle y tient un une alliance….Trois enfants naitront de cette liaison adultère.

 

N 49° 20' 396 E 001° 17' 726

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15 septembre 2014 1 15 /09 /septembre /2014 13:00


Ce four à chaux à calcination périodique, construit à la fin du XIXe siècle, est situé en bas de La Rue de la Petite Cuette. Il suffit de marcher sur environ 500 mètres pour le découvrir sur votre gauche à l'entrée de la forêt. A l'époque, ils convertissaient le calcaire en chaux par l’action du feu. Cette première étape du cycle de la chaux, nommée calcination, dépendait du savoir-faire du chaufournier et de son équipe, qui assuraient l’alimentation du four et veillaient à son bon fonctionnement. Il servait à ne calciner, pendant la durée du feu, que la quantité de pierres que l'on a insérée dans le fourneau. On était, alors, obligé d'éteindre le feu et de laisser refroidir le fourneau afin de retirer la chaux obtenue. En effet, en chauffant la pierre calcaire (la marne) à une température comprise entre 800 et 1000 degrés, on évacuait le  gaz  carbonique et l'eau pour récupérer la chaux vive, sous forme de poudre. Elle était utilisée pour l’amendement des sols agricoles, c'est-à-dire pour en corriger l’acidité et en améliorer les qualités. Mélangée avec un apport de sable et d'eau, la chaux servait à réaliser des mortiers de construction.
Four-chaux.JPG Sur la gauche, nous apercevons le four à chaux, de forme cylindrique, avec une paroie intérieure en briques. Les chaufourniers extrayaient la marne sur place et alimentaient le four par une ouverture située en haut (appelée le gueulard). Du bois était apporté au pied du four pour assurer une température entre 800 et 1000 degrès. Une fois que la cuisson était faite, la chaux était récupérée grâce à une ouverture basse du four appellé l'ébraisoir
  Four-chaux.JPG  Four-chaux--2-.JPG
Coordonnées GPS
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10 décembre 2012 1 10 /12 /décembre /2012 09:51

 

En Haute Normandie se trouvent quelques villages aux noms improbables.
Mesnil-Raoul figure en bonne place parmi ceux-ci et j'ai eu le plaisir de découvrir en plein centre bourg un magnifique tilleul, accolé à l'église et au cimetière.

Cet arbre majestueux a été classé en 1926, comme l'atteste une pancarte en bois fixée sur son tronc, et présente une circonférence de 5m80 à 1m30 du sol.

tilleul-mesnil-raoul.jpg

Le peu d'informations que j'ai pu trouver à son sujet lui donnent un age approximatif de 400 ans, et les plus optimistes le voient comme contemporain d'Henri IV.

mesnil-raoul.jpg

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11 avril 2012 3 11 /04 /avril /2012 09:49


Le constructeur de Martainville, Jacques Le Pelletier, fils d'une riche famille de commerçants rouennais et lui même armateur acquiert en 1481 le fief de Martainville, vaste à ce moment de 25 hectares. Il entreprend durant une dizaine d'années la construction  du château. La date de 1485 gravée sur la clef  d'une fenêtre de la tour sud précise l'époque exacte des travaux. C'est un château fort flanqué de 4 tours  et d'un pont levis  dont un chemin  de ronde mâchicoulis couronne les murailles. Construit en briques cuites sur place et en pierres blanches venues des carrières de Vernon, on relève sur l'appareillage une savante inclusion décorative de briques vernissées noires disposées en cœur, en croix, en losanges. Jacques de Martainville meurt vers 1510, sans fils,  son neveu Jacques,  second du nom,  hérite de toute sa fortune. Nommé aussi vicomte de l'eau, il entreprend de transformer radicalement le château de son oncle. Jacques II fait combler les fossés, établir une enceinte défensive ponctuée de tours, élargir les fenêtres, élever les toitures et fait surtout remanier la façade principale, le pont levis enlevé, cède la place à un élégant portail couronné d'arcs concave avec feuillages, l'inspiration flamande est évidente à cette époque. Au-dessus, la loggia à encorbellement correspond à la chapelle; elle est caractéristique de la fin du style gothique. L'art des Flandres se fait sentir aussi surtout dans ce qui est un chef d’œuvre au Château de Martainville à savoir les souches des cheminées extérieures qui ne comportent pas une pierre malgré un décor gothique extraordinaire. Elles sont toutes différentes dans leur composition d'arcs, de contreforts, de bandeaux... Mais vers le milieu du XVIe siècle, les troubles graves qui déchirent la région stoppent les bâtisseurs. Vers 1590, Henri IV se rendant à Fontaine le Bourg passe par Martainville et en chasse les troupes du duc de Parme. Au siècle suivant le nouveau seigneur de Martainville, Louis, vivant à la cour de Versailles, tire ses revenus de cette vaste exploitation agricole,  il agrandit les communs, l'intérieur des appartements est transformé au premier étage.
Martainville.jpgLe dernier des Martainville,  mort en 1757 sans héritier,  le château passe alors entre différentes familles et Il subit des déprédations successives, un marchand de bestiaux achète le logis & une partie des terres démembrées en 1905. Il coupe les alignements de chênes et se prépare à raser la demeure qui a souffert d'un long abandon et aussi de l'occupation prussienne, quand l'État la rachète in extremis. Mais tout le mobilier du château est déjà dispersé. Le conseil général, à partir de 1955,  fait procéder à la restauration de la demeure pour y installer un musée, à partir de 1965. C'est au fil des ans que patiemment ce château a retrouvé une toiture, des huisseries, des planchers, restauré  et entretenu par les Monuments historiques. Martainville-1.jpg
Depuis 1981, il abrite le musée départemental  des Traditions et Arts normands dont les collections ont un caractère exceptionnel  et retracent : l'évolution stylistique du mobilier régional  du XVe au XIXe siècle. Les pièces  de Haute époque notamment  des XVe  et XVIe siècles sont nombreuses  et de grande qualité. La présentation  des régions de Haute Normandie,  sous l'aspect d'intérieurs de fermes avec les meubles,  ustensiles et objets de la vie  quotidienne au  XIXe siècle. L'histoire du costume normand aux XVIIIe  et XIXe siècles.  De par leur caractère unique et harmonieux dans le temps,  ces collections acquises en un peu moins  de quarante ans, classent le château dans sa spécialité au tout premier plan du patrimoine régional.
Un beau diaporama du Château de Martainville ici.
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7 janvier 2012 6 07 /01 /janvier /2012 16:00


Deux enfants de la commune de Gouy (seine maritime) allaient permettre en 1956 de prouver l'existence d'hommes il y a 10 à 20 000 ans à Gouy….c'est à dire à la Préhistoire. Explorant la colline à la recherche d'une rivière souterraine, les deux frères Martin découvrent une ouverture et pénètrent à l'intérieur d'une grotte. Cette grotte avait en fait été découverte en 1881 par deux Gauvassiens, Narcisse Reboursier, maçon, et Auguste Jamelin, cantonnier qui avaient inscrit leur nom sur la paroi, signant la date de leur passage.

Il ne subsiste de la grotte, aujourd'hui, qu'un couloir d'environ 12m sur 2m de largeur se rétrécissant vers le fond jusqu'à former une étroite fissure. La quasi-totalité des parois de cet étroit couloir,  a servi de support à des peintures (traces de coloration : ocre-rouge, jaune-orangé) et à de nombreuses incisions parmi lesquelles ont été reconnues des représentations animales (bovidé, cheval) et des signes claviformes, triangulaires ou énigmatiques. Ce sanctuaire, le plus septentrional actuellement connu, est daté par le mobilier lithique retrouvé du Paléolithique supérieur final de type nordique.

Entrée de la grotte au bord de la RN15 au pied du versant droit de la vallée de la Seine.

entree-de-la-grotte-de-gouy.jpgPhoto prise à Gouy le 5 September 2010 (© zigazou76 / Flickr)

 

La fouille de cette petite grotte paléolithique fut entreprise en 1968 par des équipes d'archéologues auxquelles furent ensuite associés les frères Martin. La cavité est abondamment ornée de gravures assez fortement incisées dans la roche. La première gravure mise à jour fut le cheval, qui est le plus achevé, puis plus tard d'autres animaux, silhouettes féminines, signes triangulaires, quadrillages. Des relevés et des moulages ont pu être effectués.gouy-cheval.jpgAujourd'hui, hélas, il nous est impossible d'aller admirer cette grotte, car devant la fragilité des roches et les difficultés pour préserver les gravures de toutes les érosions, l'entrée de la grotte fut murée et le silence a repris possession de ses vestiges.
Il aurait été plaisant de parler du mode de vie des premiers hommes de Gouy, mais les renseignements ne nous le permettent pas. Ce que l'on peut avancer, c'est que le fleuve avait un niveau plus élevé et que le climat s'y trouvait légèrement plus chaud. Le paysage était voisin de celui de la prairie et la flore comportait des herbes et des plantes tels que souchet, plantain, renoncule, œillet, et des arbres parmi lesquels prédominait le pin.

Mais les jours de Gouy sont comptés : la grotte est transpercée par des racines d'arbres qui, en grossissant, « risquent de disloquer les parois », s'inquiète Yves Martin, codécouvreur et spécialiste de la grotte. Car cette dernière, amputée d'une partie de sa surface par la construction d'une route dans les années 1930, est aujourd'hui très fragile : le calcaire supportant les gravures, friable, s'est déjà beaucoup détaché.

Comment expliquer un tel état ? Dans les années 1980, la grotte a été soumise à la lumière du jour : les gonds de sa porte ont été détruits lors d'une effraction et jamais réparés. Les algues vertes ont proliféré sur les parois. En 1996, les pouvoirs publics ont fini par lancer la construction d'un sas de protection. « Le coteau sous lequel se trouve la grotte a alors été nettoyé et replanté de frênes, explique Philippe Fajon, ingénieur au service régional d'archéologie de Haute-Normandie. Mais leurs racines se sont infiltrées à travers les fissures du plafond de la grotte. » Début 2000, un frêne a été coupé et un produit injecté pour en tuer les racines, sans succès. Les racines recouvrent depuis les parois sur plusieurs mètres dans une des salles. Et rien n'est fait pour y remédier.

 

 


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29 septembre 2011 4 29 /09 /septembre /2011 16:49
  • La commune de Romilly-sur-Andelle a pour projet la création d’un lotissement à l’ouest de l’église paroissiale Saint-Georges en 2005. L’emprise du projet englobe l’ancien prieuré Saint-Crespin, situé le long de la rue de la libération, au niveau du carrefour avec la rue Saint-Georges. Devant l’extrême sensibilité archéologique de ce secteur, des diagnostics ont été effectués par l’Institut National de Recherche Archéologique Préventive (INRAP) au début de l’année 2005. Face à l’ampleur et à l’état de conservation des vestiges archéologiques, le Service Régional de l’Archéologie a établi une prescription de fouille préalable aux constructions. La fouille archéologique, d'une surface de 6 000 m², à proximité de l'église actuelle du village, constitue une occasion unique de mettre au jour des vestiges du prieuré médiéval de Saint-Crespin et de percevoir l'organisation d'un cimetière du haut Moyen Âge. Elle offre l'opportunité d'étudier les origines des paroisses, les débuts de leur organisation et leurs conditions d'implantation. Elle permet aussi de comprendre comment les relations se tissent entre la communauté villageoise et le domaine des morts, et de se pencher sur les comportements et les gestes mortuaires qui accompagnent la mise en terre. Cette opération s’est déroulée entre décembre 2005 et avril 2006 sur la parcelle de Mr. DOURVILLE, et depuis juillet 2006 sur la parcelle de Mr. BOURGEAU. L’intervention devrait s’étaler jusqu’en juillet 2007, sous la direction de David JOUNEAU, responsable scientifique de l’opération, et de Mark GUILLON, anthropologue, tous deux rattachés à la base INRAP de Rouen.
  • fouille-romilly.jpgL’occupation de ce secteur de la vallée de l’Andelle est assez ancienne En effet, plusieurs silex taillés (racloirs, grattoirs, lames) attribuables au néolithique ont été collectés dans les colluvions lors du décapage, ce qui atteste de la proximité d’un habitat préhistorique. Par ailleurs, de nombreux vestiges de l’Age du Bronze et de l’antiquité ont été observés entre le cimetière actuel et la grange de Saint-Crespin.
    Cependant, sur l’emprise de la fouille, l’occupation est essentiellement médiévale, avec un habitat commençant au début du VIIe siècle.
    Cet habitat, constitué de maison en bois et de parcelles (jardins ou vergers) concomitantes sont vraisemblablement le long de la route, qui est un axe ancien reliant Pître à Pont Saint-Pierre, deux bourgs importants au Haut Moyen Age. Ces habitations n’ont pour l’instant pas été mises au jour. Ce qui a été mis en évidence est en fait la périphérie de cet habitat, caractérisée par une zone de stockage des récoltes et par des activités artisanales diverses. Toutes les structures sont datables des IXe au XIe siècles. Plusieurs silos ont ainsi été fouillés, ainsi que deux fours à pain et des structures artisanales dont la fonction est extrêmement difficile à déterminer.
  • Le village est bordé au nord par son cimetière, organisé autour d’un édifice cultuel.
    fouille-romilly3.jpgUne première église, de taille modeste, est construite avec des blocs de silex et de calcaire liés au mortier de chaux. Elle est constituée d’une petite nef, presque carré, et d’un choeur en abside légèrement écrasé. Ce premier édifice religieux, assez mal conservé, est daté entre le VIIe et le Xe siècle. Au Xe ou au XIe siècle une nouvelle église est construite, sur la précédente. De taille plus importante, elle est constituée d’une nef rectangulaire divisée en au moins deux travées, épaulées par des contreforts plats, et d’un chœur en abside plus étroit.
  • La première campagne de fouille sur le cimetière s’est déroulée du 12 au 23 décembre 2005 sur l’angle nord-ouest du cimetière (parcelle Dourville). Au lieu des 12 tombes estimées, 40 fosses sépulcrales ont été décelées sur 3 niveaux. Il a été fouillé et prélevé 15 sépultures en décembre et une deuxième campagne sur cette parcelle a été prévue et exécutée en avril 2006. Cette fouille était donc un préalable à une grande campagne sur la quasi-totalité du cimetière, conjointement à celle des ensembles bâtis. Chronologiquement, aucun mobilier en place n’a été livré par ces tombes, alors que quelques sépultures du diagnostic, situées plus au centre du cimetière, ont livré du mobilier du haut Moyen Âge. Cependant, les tessons découverts dans le remplissage des tombes fouillées ne contredisent pas cette chronologie, qui n’est certes qu’un terminus et sera complétée par plusieurs dates radiocarbones sur les os humains issus des deux premières campagnes.
  • fouille-romilly1.jpgSur la parcelle Bourgeaux, la centaine de sépultures fouillées à ce jour (novembre 2006) sont attribuables à des sujets adultes (les 2 sexes sont présents) et à des enfants. Sur la périphérie du cimetière, ces derniers n’appartiennent pas aux plus jeunes classes d’âge mais aux classes 5-14 ans. En revanche, les zones autour de ce qui est maintenant identifié comme l’église, les sépultures de tout petits apparaissent en grand nombre ce qui re-équilibre (en partie) la distribution par âge de la population inhumée et est plus compatible avec ce que l’on connaît de la mortalité des sujets de moins de 1 an au Moyen Âge. Nous sommes pour l’instant en présence des premières tombes de petits et nous attendons à en découvrir beaucoup dans la zone des bâtiments et sous ces derniers.
  • Chronologiquement, les sépultures sont mieux datées que pour la parcelle Dourville : les tombes les plus anciennes contiennent pour certaines du mobilier en place, vases, boucles de ceinture et fibule, qui les situe sans aucun doute à la période mérovingienne (7e s.). Les tombes les plus récentes sont calées par la construction des premiers bâtiments conventuels. Il convient de rester prudent mais la fourchette 7e – 11e s. proposée pour l’occupation funéraire se confirme, sous réserve que quelques tombes n’appartiennent pas aux 12e – 13e siècle.
  • fouille-romilly4.jpgDurant toute cette période (VIIe-XIe siècles), les terres de Romilly-sur-Andelle appartiennent soit au chapitre de la cathédrale de Rouen, soit à l’abbaye de Saint-Ouen. Elles sont extraites de ces domaines au milieu du Xe siècle pour arriver dans les mains de la famille de Tosny, très importante dans cette région. Par héritage et par alliance maritale, Guillaume Fils Ozbern en devient le propriétaire au XIe siècle. Vassal extrêmement influent du Duc, étant l’un des principaux compagnons de Guillaume le Conquérant, il va, comme nombre de puissants, fonder son abbaye au sud d’Evreux, l’abbaye de Lyre. Il lui octroie beaucoup de terre pour son bon fonctionnement, dont celle de Pîtres, Romilly-sur-Andelle et Pont-Saint-Pierre. L’établissement bénédictin établie un prieuré à cet emplacement, nommé Saint-Crespin.
    Il est difficile de dire si le vocable utilisé est celui de l’ancienne église. Tout du moins cette dernière perd elle son statut d’église paroissiale au profit de l’église Saint-Georges, construite à la charnière des XIe et XIIe siècle, et qui devient le nouveau pôle funéraire du village.
  • Les premières mentions du prieuré sont du XIIe siècle, et nous savons par les visites de l’archevêque rouennais du XIIIe siècle que le prieuré Saint-Crespin est occupé par deux moines. Cependant, nous n’avons aucune structure attribuable pour l’instant à cette période fondatrice.
  • Il faut attendre le XIVe siècle pour observer une grande phase de construction au niveau du prieuré.
  • fouille-romilly2.jpgCe n’est en effet qu’à ce moment que l’église des Xe-XIe siècles est transformée en manoir. La nef reste en élévation et les maçonneries sont récupérées, alors que le chœur est arasé. Le sanctuaire laisse place à un édifice barlong doté d’une tour escalier au milieu de sa façade nord. Aucune chapelle ou église prieurale n’a pour l’heure été mise au jour, mais il est fort possible que le rez-de-chaussée ou l’étage du manoir ait abrité un petit oratoire.
    Plusieurs annexes y sont accolées. A l’ouest, un bâtiment est construit dans son prolongement. Il n’en reste plus rien si ce n’est les importants celliers. Doté d’un accès au nord-ouest (l’escalier a été complètement récupéré), un premier espace excavé, originellement voûté, de 50m², devait permettre le stockage des denrées liquides et solides. Un agrandissement fut effectué un peu plus tard au XIVe siècle vers l’est, sous le manoir. Une petite cave voûtée, soutenue par deux arcs doubleaux et en parfait état de conservation, était reliée à l’ouest au grand cellier par une petite cage d’escalier de quatre à cinq marches. Au sud, un petit couloir voûté en plein cintre permettait d’accéder à une descenderie donnant dans le manoir, et par laquelle les provision devaient être acheminée vers les cuisines.
  • fouille-romilly5.jpgCes dernières sont situées dans un bâtiment orienté nord sud collé au sud du manoir. Pour l’instant, nous avons pu dégager une partie d’un espace de travail dallé, doté d’une adduction et d’une évacuation d’eau, d’une sole de cheminée et d’un four à pain maçonné. La totalité de cette annexe utilitaire reste à mettre au jour
  • Enfin, au nord du manoir, une magnifique grange du XIVe siècle, en très bon état de conservation, devait servir au stockage des récoltes. Entre les deux, de vastes niveaux de cours, constitués de couches de silex et de graviers compactés, ont été mis en évidence.
  • fouille-romilly6.jpgEnfin, plusieurs petites annexes ont été dégagées récemment, mais l’indigence de mobilier et de niveaux de sols rend leur identification bien difficile.
    Au sud de la clôture du domaine, deux bâtiments ont également été mis au jour. Le premier est la base d’un colombier d’un diamètre de 6 mètres et daté du XVIIe siècle. Le second n’a pas encore été étudié.
  • Le prieuré est abandonné dès le XVIIe siècle. Les bâtiments sont dans un état de ruine bien avancé, et un nouveau corps de bâtiment, encore en élévation aujourd’hui, est construit à l’est. Aujourd’hui, les seuls éléments qui subsistent sont le colombier (XVIIe ou XVIIIe siècle) et la grange dîmière.
  • Cette fouille est loin d’être achevée, mais les premiers résultats sont extrêmement intéressants à beaucoup d’égards.
  • fouille romilly7Outre le fait d’éclairer de façon spectaculaire les origines de la commune, ils permettent de répondre à plusieurs problématiques scientifiques qui font l’objet d’étude à l’échelle régionale et nationale.
    Romilly-sur-Andelle nous offre la chance d’étudier les origines des paroisses, les débuts de leur organisation et leurs conditions d’implantation. Comment se tissent les relations entre les habitations, la zone d’activité agricole et artisanale et le domaine sacré des morts ? Comment la communauté villageoise perçoit elle cet espace et comment le traite t-elle ? Quels sont les gestes du quotidien accompagnant la mise en terre ? Ces questions permettent par la même occasion à se pencher sur nos propres comportements face à la mort, celle de nos proches et la notre, et de l’appréhender d’une façon toute autre.
  • Ensuite quelles sont les conditions d’implantation du prieuré Saint-Crespin. Quels ont été les éléments déterminants à son emplacement ? Quelles furent les décisions de la maison mère quant à la configuration du domaine. Quel aspect avait le prieuré entre le XIIe et le XIVe siècle ? N’était ce que l’ancienne église paroissiale reconvertie en chapelle prieurale ou bien y avait il d’autre bâtiments autours où vivaient nos premiers moines ? Qu’est ce qui a permis cette vaste phase de construction au XIVe siècle ? Et enfin pourquoi les bâtiments ont-ils érté abandonnés dans le courant du XVIIe siècle, bien avant la Révolution et son lot de destruction et de ventes ?
    fouille-romilly8.jpgLà encore ces questions permettent de se pencher sur notre vie économique actuelle a coup de comparaison : conditions d’implantation d’une entreprise (la ferme du prieuré), son activité et son expansion (agrandissements des bâtiments), son déclin et sa délocalisation (abandon). La globalisation des moyens économiques n’est pas chose nouvelle, et le prieuré Saint-Crespin en est un bel exemple…

    David JOUNEAU, responsable d’opération, INRAP
    Mark GUILLON, anthropologue, INRAP

    Crédits photographiques : INRAP

  • Télécharger le dépliant de la visite
  • Sources : Mairie de Romilly sur Andelle et archives de l'INRAP
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1 juin 2011 3 01 /06 /juin /2011 13:39


Le prieuré de bénédictines de la Fontaine Guérard a été établi vers 1135, par Amaury 1er De Meulan, à l'emplacement d'une source au débit important, appelée "fontaine-qui-guérit", qui est l'origine du nom de l'abbaye. En 1189,  il reçoit une importante donation de Robert III de Beaumont, comte de Leicester et cousin d’Amaury de Meulandu. Cela permet de construire l'église et les bâtiments monastiques. En 1207, le monastère est rattaché à Cîteaux. L'église est consacrée en 1218.
Fontaine-Guerard.jpgLe monastère devient abbaye en 1253. En 1399, un drame agite la communauté : Marie de Ferrières, retirée dans l'abbaye, est assassinée sur ordre de son mari, Guillaume de Léon. Celui-ci, pour expier son crime, reconstruit une chapelle de l'abbaye, la chapelle Saint Michel, édifiée au-dessus des celliers.
Durant le XVIe siècle, la situation financière et spirituelle de l'abbaye se dégrade. L'amélioration permise au début du XVIIe siècle par l'abbesse Bigards de La Londe est de courte durée. On dispose de peu d'indications sur l'état des bâtiments à cette époque. On sait simplement que des travaux ont été effectués en 1742 et qu'un incendie a eu lieu en 1756.
À la Révolution française, les bâtiments sont vendus comme biens nationaux. La dernière abbesse fut Marie Madeleine-Eléonore du Bosc de Radepont. Nommée en 1777, elle se retire dans sa famille à Radepont en 1790 lors de la dispersion du monastère.

À la destination religieuse des lieux allait succéder leur utilisation industrielle. Le 12 mars 1792, François Guéroult devient acquéreur des bâtiments. Dès lors, il décide de créer une vaste filature de coton. C’est ainsi qu’il va utiliser l’abbaye et ses dépendances comme carrière de pierre pour la construction de la première filature. En 1822, M. Guéroult vend le domaine industriel au baron Levavasseur, propriétaire de nombreuses filatures en Normandie.

Filature.jpgEn 1851, dans son Histoire du château de Radepont et de l’abbaye de Fontaine-Guérard, Léon Fallue nous informe qu’il ne reste de l’abbaye que deux bâtiments et l’église, qui forment ensemble les trois parties latérales d’un carré : il s’agit bien sûr du bâtiment des moniales et du bâtiment sud comprenant le chauffoir et le réfectoire.

Au début du XXe siècle, les descendants du baron Levavasseur vendent le domaine monastique. Plusieurs acquéreurs se succèderont jusqu’en 1937, date à laquelle le dernier propriétaire, qui n’avait pas d’héritier, légua son domaine à l’Armée du salut. Après la Seconde Guerre mondiale, l’Armée du Salut met en place un programme de restauration des bâtiments conventuels en accord avec les Monuments historiques.

Aujourd’hui, l’abbaye est devenue un site touristique important dans le Pays du Vexin normand. Afin de valoriser le patrimoine architectural, la Fondation de l’Armée du Salut a mis en place des chantiers d’insertion à objet culturel permettant ainsi de lutter à la fois contre l’exclusion sociale et contre l’exclusion culturelle.

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